Կռիւ (Grieve)
Huile sur toile, 48 x 60 pouces, 2023.
Lorsque le deuil et la lutte partagent le même souffle, l’amour devient impossible à ignorer.
En arménien, le mot pour lutte est « կռիւ »—prononcé exactement comme le mot anglais grieve (pleurer ou être en deuil). Ce croisement de sens est devenu la base émotionnelle et conceptuelle de cette œuvre, née dans le sillage de la mort de mon père.
կռիւ (Grieve) est issu de ces heures déchirantes passées seule à l’hôpital, à devoir prendre des décisions urgentes pour lui, à assister impuissante à ses derniers instants.
C’est là que vit cette peinture.
L’amour, j’ai compris, n’est pas toujours doux. Parfois, il consiste à se tenir dans la douleur, à ne pas détourner les yeux. À rester là, malgré tout. À dire : je te vois. Je ne t’abandonne pas.
J’ai choisi de peindre ce portrait plus grand que nature. Dans une société qui efface les personnes âgées, qui les relègue à la marge, je voulais imposer la présence de mon père. Le rendre impossible à ignorer. À cette échelle, il n’est pas un souvenir flou. Il est là. Entier. Digne.
La toile tient cette dualité — celle du deuil et de la lutte — dans ses gestes, dans son silence, dans sa matière. Elle est une méditation sur l’amour comme acte de résistance, sur l’injustice de la fin, sur notre besoin viscéral d’être vu·e, même dans la plus grande vulnérabilité.
Par cet acte de peinture, je rends témoignage. Je fais mon deuil. Et je rends visible ce que l’on garde trop souvent sous silence.